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Petite comparaison entre la journée du 9 mars contre la loi «travail » El Khomri et le mouvement CPE

Malgré des appels à la grève pour le moins sporadiques de la part des syndicats, malgré une journée de mobilisation en pleine semaine et malgré une pluie torrentielle dans de nombreuses villes, la première journée de mobilisation contre la loi « travail » El Khomri a réuni plus de 500 000 personnes battant le pavé à travers toute la France. Pour les flics ce serait plutôt 225 000 (mais on reviendra sur la bataille des chiffres et leur utilisation médiatique dans un prochain article). Dans tous les cas c’est une belle réussite et ça sent clairement bon pour la suite. Pour s’en rendre mieux compte, revenons un peu sur le début des mobilisations précédentes récentes qui ont marqué leur époque.

Même si la situation sociale et économique a largement changé, remettons ces chiffres dans le contexte des mobilisations précédentes. Les exemples historiques permettent souvent de voir où nous en sommes.

En 1995, le mouvement contre le plan Juppé (réformant entre autres la retraite et la SÉCU) a rassemblé des millions de personnes en grève et dans la rue. Les manifestations étaient alors les plus importantes en France depuis 1968. Dès la première journée de mobilisation, le 24 novembre, les syndicats appellent à la grève générale. Cette manifestation rassemble alors entre 200 000 et 1 000 000 à travers la France. À cette époque déjà, la CFDT avait trahi avant même le début du mouvement en approuvant le plan Juppé. Sa chef, Nicole Notat, s’était d’ailleurs faite virer de la manif. Par la suite, le mouvement a largement été dominé et dirigé par les syndicats et notamment par la CGT, mais les étudiants étaient déjà présents dès le 24 novembre. Mais ce fut principalement le mouvement des travailleurs en grève qui a permis le retrait partiel de la loi et poussé Chirac à dissoudre l’Assemblée nationale.

Pour le mouvement des retraites en 2010. Comme en 1995, le mouvement a été principalement lancé par les organisations syndicales rassemblées en intersyndicale. C’est elle qui a dicté toutes les dates de manifestations qui sont restées très espacées dans le temps, étalant la mobilisation sur plus de 8 mois. Pour le premier jour de mobilisation (le 23 mars) entre 395 000 et 800 000 personnes défilent en France, mais cette manifestation ne débouche sur aucun mouvement pour organiser la suite de la lutte. Il a fallu attendre plusieurs mois pour que de modestes assemblées interluttes naissent dans quelques villes et qu’une petite partie des étudiants tentent de se mobiliser et aboutissent au blocage d’une dizaine d’universités pour la journée du 20 octobre.

Par contre, aux premières heures du mouvement CPE (contrat première embauche), qui reste une référence de lutte pour toute une génération qui l’a vécu, la première manifestation du 7 février 2006 rassemblait entre 218 à 400 000 personne selon les sources. Seules deux universités étaient alors en grève (Rennes II et Paris I Tolbiac). Les premières assemblées générales (AG) universitaires peinaient à rassembler un grand nombre de personnes. Un mois plus tard, 1 000 000 de personnes se retrouvaient dans la rue, une quarantaine d’universités étaient bloquées ainsi qu’un nombre difficilement calculable de lycées. Les AG qui se déroulaient plusieurs fois par semaine pouvaient alors rassembler jusqu’à 3 000 personnes dans certaines facs et les coordinations nationales faisaient le lien entre toutes les villes en lutte.

Le parallèle est facile entre le CPE et le mouvement qui est en train de naitre contre la loi « travail » El Khomri. Les chiffres de manifestations sont similaires voir plus important que dans les premiers jours du CPE. Des centaines de lycées ont déjà été bloqués et au moins deux universités ont acté la grève (Nanterre et Tolbiac, Rennes II c’est plus ce que c’était). La grande différence avec le mouvement qui est en train de naitre contre la loi « travail » El Khomri, c’est que dès le 7 février 2006, l’intersyndicale appelait de manière unitaire à la grève et aux manifestations. Lors de ce 9 mars 2016, une bonne partie des syndicats jaunes n’étaient pas présents et les autres appelaient seulement à un rassemblement et non à une manifestation. De plus les appels à la grève ont été aujourd’hui plutôt rares et réservés à des secteurs défendant leur bout de gras plutôt que le retrait de la loi (SNCF par exemple). Même si l’on peut déplorer cette désunion elle en fait clairement un avantage.

Tout d’abord parce que cette première journée de mobilisation n’a pas eu besoin d’un long travail d’information et de diffusion pour permettre une manif supérieure en nombre à la première du CPE. Un véritable élan spontané s’est créé et a traversé les réseaux sociaux. Il est passé par internet pour toucher et faire réagir en seulement une semaine et demie, des millions de personnes qui se sentent maintenant concernés par cette attaque du capital contre eux.

Ensuite parce que les syndicats ont été pris de cours et ne pensaient clairement pas que la mobilisation allait prendre cette ampleur. La plupart sont encore dans l’état d’esprit de marasme des tentatives de mobilisation passées qui ont été des échecs et ne croyaient absolument pas en une réaction aussi rapide, spontanée et auto-organisée d’un ensemble aussi vaste de prolétaires. C’est d’ailleurs une des raisons pour laquelle ils avaient appelé dans de nombreuses villes à de simples petits rassemblements, ne pensant pas se retrouver assez nombreux pour partir en manif. Mais surtout ce dépassement des syndicats avant même la première journée de mobilisation est révélateur de l’auto-organisation qui a eu pu avoir lieu dans la diffusion de l’appel à manifester. La publicité de l’évènement n’a pas eu à passer par de nombreux tractages et collages d’affiches par des militants professionnels pour être connu de tous. C’est passé par des hashtag ou les prolos racontaient leur précarité au quotidien ou à des youtubeurs qui se sont organisés collectivement pour utiliser leur notoriété. Des personnes qui n’avaient plus milité depuis longtemps ou même jamais milité de leurs vies ont diffusé et se sont organisés pour diffuser l’information.

Au vu de comment son commencement s’est déroulé, les syndicats auront de très grandes difficultés à remettre la main sur la mobilisation et à dicter les dates de grève, de manif ou d’action. Et l’auto-organisation mise en place pour faire la publicité du 9 mars est d’ores et déjà en train de se transformer en auto-organisation pour faire vivre la lutte sociale et commence à créer des espaces de discussion. Il reste a espérer que le mouvement va continuer à prendre et tout mettre en place pour faire vivre cet espoir.

Si les mouvements qui sont restés contrôlés par les intersyndicales ont amené à des mobilisations plus grandes dès leur premier jour de manif, ils n’ont pas pour autant permis un grand niveau de conflictualité sociale. Le mouvement CPE qui lui en a permis un avait commencé sur des bases plus modestes que celle que l’on a vu émerger ce 9 Mars.

Mais pour finir, la grande différence entre le mouvement naissant contre la loi El Khomri et les trois précédents, c’est que ces derniers étaient portés par un gouvernement de droite prêt à l’affrontement avec la rue. Un mouvement social de prolo d’une telle ampleur face à un État dirigé par le PS c’est du jamais vu et là on rentre dans l’inconnu. Même si Hollande à annoncé aujourd’hui qu’il n’est pas question que le texte soit retiré, on peut légitimement en douter si la pression de la rue s’accentue.

 

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2 Commentaires

  1. « Au vu de comment son commencement s’est déroulé, les syndicats auront de très grandes difficultés à remettre la main sur la mobilisation et à dicter les dates de grève, de manif ou d’action. »
    J’espère, j’espère. Mais ce n’est pas gagné. Pour l’instant, c’est effectivement les syndicats qui dictent les dates de grève: le 31 mars prochain, en l’occurrence.
    Il nous reste beaucoup a faire pour les construire, ces outils d’auto-organisation, qui nous permettront d’avoir notre propre agenda. Un appel Facebook a pu lancer le mouvement, mais maintenant c’est dans la rue que ça se passe!

  2. A l’époque de la fin du mouvement contre le CPE, on avait fait une analyse de cette fin en queue de poisson. Lisible ici : https://defensedumarxisme.wordpress.com/2016/01/28/il-y-a-10-ans-le-mouvement-contre-le-cpe/

    Il est clair que s’il y avait « retrait » de la loi et que tout le monde rentre chez soi ce serait un échec, mais tout à l’air parti pour un durcissement du côté du gouvernement et du côté de la rue, qui cristallise bien plus que cela. Aux révolutionnaires d’être présents et de défendre encore et toujours l’élargissement du mouvement, son auto-organisation et le passage d’une critique des « abus » du capitalisme à la conscience de la nécessité de son abolition.

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