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Daech, aux frontières du réel? #1 Daech origins

Nous publions ici la première partie d’une série de trois articles sur Daech. Ils sont parus il y a peu dans le journal BadKids. Ils ont été redécoupé pour la lecture sur le net.

Du sable, du vent, des armes. Beaucoup de pick-up et peu de dromadaires. Daech s’est construit son image en miroir de l’industrie hollywoodienne. Les dirigeants des grandes nations occidentales cherchaient leurs barbares, appel d’offre sous le bras de l’intervention en Irak. Et le conseil des Moudjahidines((Le conseil consultatif des Moudjahidines en Irak est une alliance de plusieurs mouvements de la guérilla irakienne, islamiste, sous l’égide d’Al-Qaïda en Irak, fondé en janvier 2006. Ce conseil deviendra six mois plus tard l’Etat Islamique en Irak (EII) puis l’Etat Islamique en Irak et au Levant, Daech.)) y a répondu sans la moindre ambiguïté, en leur envoyant un CV des plus zélés.

On aurait tort, cependant, de considérer Daech comme la simple marionnette de puissances impérialistes en mal de chaos. L’appareil politique de l’Etat Islamique a la force de se mouvoir dans une autonomie grandissante. Jusqu’à devenir un acteur majeur des rapports de production capitalistes d’un « Nouveau Monde » qui n’a pas grand-chose d’innovant.
Certains, sous l’emprise du captagon, y voient la réalisation d’une prophétie millénaire, d’autres, l’avènement du choc des civilisations. Et ces deux visions ont pour avantage de se compléter, de se complaire. « Nous sommes en guerre. » se lancent-ils à tour de rôles. Bandes de connards.
Le monde organisé selon les règles d’une opposition binaire civilisationnelle. Le pied pour Donald Trump, le chômage pour les analystes du Moyen-Orient. Tom Cruise en plein « déjà-vu ».

Mais sortons de la spirale des images, qui attrape nos imaginaires saturés par redondances.
L’héritage idéologique de Daech est lourd. Il est le résultat d’un travail de longue haleine fourni par des organisations politiques bourgeoises préalables à l’EI, dont les racines sont à chercher du côté des Frères Musulmans, organisation pas encore centenaire. La principale fonction de cet héritage est de détourner nos regards d’une lecture matérialiste de l’avènement de l’optique confessionnelle des conflits et du monde qui l’entoure. Mais l’Etat Islamique n’est ni en dehors de la réalité ni aux frontières de celle-ci. Et on prend la parole pour rappeler que ce n’est ni une alternative à l’impérialisme ni une preuve de l’implacable tournant religieux des rapports sociaux. Daech fait partie de la clique du Vieux Monde, et, au même titre que tous les connards évoqués dans Bad Kids (et il y en a …), sa destruction n’aura de sens que si celle-ci est réalisée par la base sociale qu’il exploite et réprime.

DAECH ORIGINS

L’islamisme version Youtube et Facebook n’a pas grand-chose à voir avec les Croisades que tous les fachos essaient de mettre en perspective. Le salafisme s’est d’abord développé à la décrépitude de l’Empire Ottoman, à la fin du XIXème siècle, dans le souci de réadapter l’islam au monde moderne. L’objectif était d’assurer la transition économique des territoires arabes et de maintenir, par l’ordre religieux, les positions des notables, grands commerçants et propriétaires terriens, dans la nouvelle configuration régionale qui s’annonçait, qu’il s’agisse d’un Royaume ou d’un Etat. Seulement, l’intervention des forces occidentales va quelque peu bouleverser ce projet en gestation, appuyant de nouvelles couches sociales pour lesquelles, notamment en Syrie, nationalisme ne rime pas avec sunnisme, mais se fait au contraire contre lui. Ici, nous comprendrons qu’il ne s’agit pas d’une opposition entre laïcs et croyants mais entre nouvelles couches de la bourgeoisie nationale et anciennes classes dirigeantes sunnites. Il faut d’ores et déjà rappelé qu’à ce moment-là, les débris de l’Empire Ottoman que représentent la Grande Syrie et l’Irak sont des territoires multiconfessionnels. Une multi-confessionnalité sur laquelle les régimes d’occupation s’étaient largement appuyés (on ne vous refera pas la leçon du diviser pour mieux régner) pour élaborer le cheval de Troie de l’Empire Ottoman en 1914. Le jeu des identités est un jeu définitivement sérieux.

Pur produit des territoires sous mandat au Moyen Orient, l’islamisme se développe avec puis contre le mouvement nationaliste panarabique(( Le panarabisme est un mouvement politique qui vise à unifier les différentes nations arabes en gestation à la fin du 19ème siècle. Ce mouvement se poursuivra tout au long du 20ème siècle, nourri par différentes tendances (Baas, Nasser, Khadafi) liées par la planification socialiste et la laïcité de la vie publique.)) aux accents socialistes. C’est donc une théorie politique profondément moderne que Hassan Al Banna(( Hassan Al Banna (1906-1949), fondateur des Frères Musulmans, est, pour l’anecdote, le grand-père de Tariq Ramadan.)) va proposer à la fondation de l’organisation des Frères Musulmans en 1928. Cette organisation rompt avec une double tradition religieuse : tout d’abord le dévouement du croyant glisse de « Dieu le créateur » vers « l’Islam en tant que système politique, économique, social et moral » ; une politisation de la référence religieuse en rupture avec le courant de pensée salafiste d’alors. Bien qu’à cette époque le tabou de la violence au dar-al-islam (le territoire administré par un pouvoir politique se réclamant de l’islam) ait été respecté, les Frères Musulmans ont proposé une structure de l’engagement politique très hiérarchisée, avec un ou des chefs auxquels les autres engagés doivent se référer, obéir, se soumettre. Un autre élément emprunté aux mouvements politiques occidentaux de droite, tout comme les méthodes propagandistes, qui ne tiennent plus seulement d’un prosélytisme cantonné à l’espace religieux mais viennent impacter l’ensemble de l’espace social, à la manière d’une idéologie politique.

Grâce à cette idéologie politique, volontiers populiste, les organisations islamistes vont tenter de se réapproprier les rages de l’occupation des Etats français et britannique pour proposer une alternative culturelle et politique aux populations tenues sous le joug des intérêts économiques des bourgeoisies occidentales. Leur réseau est avant tout composé de petits commerçants déclassés, de propriétaires terriens spoliés en partie ou en totalité par les réformes agraires. Leurs premières activités se cantonneront à du clientélisme et du terrorisme.

Les années 60 vont marquer un tournant dans la pratique de l’islam politique. Tout d’abord, pour ne pas se fourvoyer dans un découpage des bons laïcs et des méchants croyants, le socialisme panarabique laïc n’a jamais renié complètement l’Islam comme assise éthique, comme morale opposée à la décadence de l’Occident capitaliste. Ensuite, il faut rappeler par exemple que le régime de Nasser a longtemps travaillé avec les Frères Musulmans (alliance de notables animée par la réappropriation des territoires par une classe dirigeante locale), jusqu’à ce qu’une tentative d’assassinat  contre ce dernier  en 1954 marque la fin du contrat nationaliste. A partir de là, le mouvement islamiste dans son ensemble va subir une répression conséquente, marquant le début de son avènement avec l’ère des Martyrs, dont Said Qotb((Said Qotb (1906-1966) était un militant des Frères Musulmans, engagé dans une définition plus radicale de la foi islamique. Il est le fondateur de l’idéologie qotbiste, que de nombreux groupes du djihad version mondialisée reprendront, jusqu’à l’État Islamique (notamment la pratique du takfir).)), exécuté en 1966, deviendra la véritable icône.

La fin des années 70 correspond à la crise des nationalismes arabes, crise sur laquelle les islamistes vont surfer en proposant un islam « révolutionnaire »((En réalité, cette proposition avait déjà été faite au moment de la colonisation. Ça n’avait juste pas pris.)), proche du peuple, des pauvres, en proposant de faire de la religion le socle de la communauté des exclus. Mais cet islam social ne vient pas des bas-quartiers, il est précisément dynamisé par les milieux affairistes, tout particulièrement en Égypte, qui, du fait de la rente pétrolière des pays du Golfe, parviennent à lever des fonds conséquents pour « cadrer » cette jeunesse prolétarienne qui remue de trop. Car leurs projections politiques ne visent pas aux chamboulements des rapports de production sur les territoires qu’ils administrent, plutôt à une contestation des « vainqueurs de l’Histoire » (les Occidentaux) et à une nouvelle administration des rapports sociaux de sexe, de religion, d’ethnie et de classe, dans un même mouvement à prétention universelle, pour que rien ne change.

La suite mardi prochain!

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