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Logan : make Wolverine great again ?

Logan n’est pas un film exceptionnel, mais il a des qualités. On y effleure quelques enjeux de la période. Et puis il tranche avec la soupe super-héroique qu’on nous ressert encore et encore. Fin de cycle ?

Un trimard dort dans sa voiture. Une limousine noire. Réveillé par une bande de petits malfrats qui en veulent à ses jantes, il s’interpose : pas la bagnole ! Il va jusqu’à prendre une balle pour qu’elle ne raye pas la carrosserie. Dire que c’est à ça que servent les super-pouvoirs… la scène se règle à coups de griffe. Oui, de griffes, car le trimard en question c’est Wolverine.
Un Wolvie qui a pris un coup de vieux et s’est recyclé comme chauffeur pour Uber. Ce qui permet au réalisateur de nous montrer quelques morceaux d’une Amérique encore un peu plus mal qu’aujourd’hui. Une bande de yuppies en goguette, debout dans la limo toit ouvert, balance des « USA-USA-USA » rageurs à la faune de galériens qui tourne dans la nuit.

Si Wolverine a vieilli, le professeur Xavier, mutant télépathe, est à la limite de la sénilité. Et apparemment, il n’a pas de couverture santé. C’est donc Logan (( le prénom de Wolverine)) qui lui ramène ses médocs. Il s’agit d’éviter qu’une crise fasse disjoncter ce cerveau si puissant. Et terrasse tout le monde dans un rayon de plusieurs kilomètres.

Ben ouais, les super-héros vieillissent.

On se prend d’ailleurs à penser que c’est tout le cycle de ce genre de films hollywoodiens qui en est là, après bientôt vingt ans à tirer sur la corde. X-men de Brian Singer, ((premier film ou Hugh Jackman incarnait Wolverine)) c’était en 2000. Pas sûr que les studios américains aient enregistré l’info en revanche. Il est possible que les prochaines années voient encore de nombreuses bouses tourner à vide, portés par les millions et le battage. D’autant qu’à l’heure des scénarios testé par algorithmes, on peut penser que la copie d’une copie d’une copie a de beaux jours devant elle.

Mais voilà, Logan est un film de super-héros crépusculaire, comme les films de western du même nom et c’est ce qui colle avec la période. L’ère du surhomme sans aspérité est derrière nous. Le ton est donné par Logan lui même : « y a pas un quart de vérité dans ces comics ! »

Pour rappel, le western crépusculaire est un sous genre du western naissant dans les années 60 avec la fin de l’age d’or du genre. L’ouest, c’est plus ce que c’était. Les héros ont vieilli, sont fatigués et un peu (voire beaucoup) des salauds…On retrouve ces thèmes dans Logan. Le monde à changé, les vieux débris sont encore là. Mais pour combien de temps ? Comme dans ces westerns, la violence est plus débridée, sauvage. Dés la première scène, le ton est donné : ça se tape et pas proprement. Griffes traversant le visage et compagnie.

Beaucoup de morts gratuits dans ce film d’ailleurs. C’est un peu la foire, ambiance jeu vidéo, avec un certain nombre de personnages random qui n’existent à l’écran que pour y mourir. Le genre nous y a habitué, mais c’est tout de même de l’ordre de la facilité.

Dans le même ordre d’idée, les personnages d’arrières plans manquent de profondeur, sont ils vraiment là uniquement pour mourir ? Allez, on va être gentil et dire que cela permet une mise en perspective sur cette société cannibale, dirigé par des multinationales qui élèvent des enfant comme du bétail et fabriquent des clones humains… Cauchemar d’un futur capitaliste pas si lointain, ou des camions géants sans conducteurs tracent sur des autoroutes bordés de champs de mais transgénique à perte de vue.

Les personnages positifs se comptent sur les griffes d’un Wolverine grisonnant.

Et ce sont des prolétaires. Notamment l’une des seules femmes du film. Pour le coup ils tentent de se rattraper en donnant l’un des rôles principaux à une petite fille, mais c’est bien léger…

En tout, cas, dans cette Amérique post-trump, les prolétaires sont peut-être invisibilisées, mais existent, luttent, passent des frontières. Citons en particulier cette réplique:

« ils nous croyaient pauvres et stupides, nous n’étions que pauvres ».

On peut noter aussi l’actualisation de la référence politique classique des X-men, celle du parallèle avec la lutte dite des droits civiques. Il est question ici de passer enfin les frontières, de fuir ce pays devenu invivable pour les mutants. On pense aussi a l’excellent Les fils de l’homme.
Un quart de siècle depuis la naissance du dernier mutant, ceux-ci sont menacés d’extinction. Jusqu’à…

Allez, on en dira pas plus. Si vous aimez les films de super héros, allez le voir, c’est quand même l’un des seuls qui vaut le coup depuis longtemps.

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