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Les suicides au travail, autant d’expressions de la violence des exploiteurs

La violence du capitalisme, parlons-en. Le durcissement des conditions de travail s’accompagne d’une augmentation logique des suicides qui y sont liés.

Le récent suicide d’Édouard, cheminot à la gare Saint-Lazare et militant syndical de Sud Rail, survenu quelques jours après celui d’une infirmière sur son lieu de travail, nous rappelle combien l’exploitation n’est pas un rapport pacifié et écrase au quotidien des milliers de prolétaires. Alors que nous encaissons les coups, sans vraiment les rendre, nous devons serrer les rangs à la base et rediriger cette violence contre tous ces petits chefs qui ne se sentent plus pisser, et prospèrent sur l’isolement de nombreux exploités. Pressions psychologiques, humiliations, cadences de malade : ce ne sont pas des excès de l’exploitation capitaliste, c’est son fonctionnement.

« Depuis plusieurs années il était attaqué par une direction qui ne supportait pas son engagement syndical mis au service de la défense de ses collègues et sa lutte contre les injustices. Après diverses mesures discriminatoires reconnues et condamnées par la justice, après d’innombrables actes de pressions hiérarchiques, la pression l’auront donc poussé à faire ce choix, ultime acte de désespoir ! » Communiqué de SUD Rail – 11 mars 2017

« Le travail tue », slogan limpide qu’on a coutume d’entendre, mérite d’être développé. Chaque année, on compte pas moins de 1200 morts reconnues en lien avec le travail. Quand le travail ne tue pas par « accident », il tue par maladie ou encore par suicide. Depuis 2000, plus de 21 000 décès liés au travail ont été reconnus, dont près de 14 000 accidents, dans lesquels sont comptabilisés certains suicides1. Ces chiffres sont bien sûr en deçà de la réalité.

Car il ne suffit pas de mourir à cause de son travail, il faut encore que ce soit reconnu par un juge. De la même manière que pour les maladies professionnelles, les familles se heurtent à tout un tas de mesquineries de la part des patrons et de l’État, qui rechignent à les indemniser2. La souffrance psychique n’étant pas reconnue comme maladie à caractère professionnel, les patrons bénéficient alors d’un cadre juridique, en toute logique taillé sur mesure, qui permet à ces charognards de gratter encore quelques profits sur la dépouille d’un salarié qui s’est suicidé. Continuité post-mortem de la lutte des classes.

La froideur des statistiques fait état d’environ 400 suicides par an liés au travail, pour un total de 10 500 suicides3. Ces chiffres de 2015 directement servis par le Ministère de la Santé témoignent de l’enjeu pour les capitalistes et l’État de minimiser le rôle de l’exploitation4. En pleine phase d’attaques des capitalistes sur nos salaires directs et indirects (chômage, retraites, sécu…), il en va de la cohérence d’un ministère avec son gouvernement qui n’a fait qu’appuyer là où le patronat le lui demandait. Pouvoir faire bosser les gens 39h payées 35, faciliter les licenciements collectifs, plafonner les indemnités prud’homales.

Durant le dernier quinquennat, les lois Macron et El Khomri ont renforcé la position des patrons dans le rapport de force avec leurs employés. L’Agence ministérielle « Santé Publique France » a publié en janvier dernier les résultats d’une étude sur les comportements suicidaires en France métropolitaine portant sur la période 2010-2014. Il en ressort une nette hausse des pensées suicidaires liées au travail. Si le durcissement des conditions d’exploitation, notamment depuis la crise de 2008, est difficile à camoufler pour les diverses officines ministérielles, elles s’évertuent à en marginaliser l’impact en se gardant d’élargir leurs statistiques aux suicides de chômeurs ou de personnes sur-endettées, par exemple.

« On a des systèmes de management proches de ceux un temps pratiqués au sein d’Orange, et qui avaient mené à une vague de suicides »

Bruno Poncet, délégué SUD Rail (Bastamag, 15/03/2017)

N’avoir que sa force de travail à vendre aux capitalistes est ce qui définit un ou une prolétaire. Cette force de travail, ce sont nos bras, nos jambes, notre tête. Bref, notre corps dans son ensemble. L’extraction de la plus-value n’est rendue possible que par cette appropriation capitaliste du corps des exploités. Que ce soit face aux cadences infernales ou pressions hiérarchiques, il s’agit aussi de nous soumettre, physiquement et psychologiquement.

Dans ce contexte de chômage massif, nombre de prolétaires sont en trop, excédentaires. Dans une perspective de relance, la bourgeoisie ne compte pas dessus, hormis comme instrument de pression sur les salaires. Le rabotage des diverses allocations de survie (RSA, Aides au logement…) annonce cette volonté de laisser crever une grande partie de celles et ceux dont elle n’a plus besoin.

Pour qu’un travailleur ou une travailleuse en arrive au suicide, c’est qu’il ou elle ne voit plus d’autre possibilité, qu’il ou elle est à bout de forces. L’exigence de productivité et de rentabilité surchargent les salariés et les pressurent jusqu’à épuisement total. L’exploitation n’intervient pas seulement comme motif de suicide, mais aussi comme un instrument qui y pousse.

Les suicides sont plus nombreux chez les employés et ouvriers que chez les cadres. Le « management de la terreur », dénoncé par les employés de la SNCF, puise dans un éventail élargi pour tenir en respect les exploités : mesures vexatoires quotidiennes, menace de licenciement, sanctions disciplinaires ou « mises au placard ». Comme ce fut le cas pour Édouard, l’objectif est d’isoler le salarié de ses collègues5.

France Telecom, devenu Orange, qui a poussé plusieurs dizaines de ses employés au suicide, en a fait une de ses spécialités. Ses techniques de management « par le stress » se sont peu à peu généralisées, notamment avec la restructuration des entreprises publiques, comme La Poste, la SNCF ou l’hôpital public. Il s’agit de mettre les employés dans un état de tension et d’hyperactivité permanents pour développer leur productivité, sous la surveillance zélée de cadres ou de contre-maîtres. Le secteur de la santé n’échappe pas à ce management. La réforme de 2016, dite du GHT, s’inscrit dans cette dynamique capitaliste d’obtenir toujours plus des personnels soignants, avec moins de moyens humains et matériels6. Il s’agit d’un des secteurs les plus touchés par les suicides de salariés. C’est une tendance qui n’est en rien accidentelle. L’offensive capitaliste sur les salaires et les conditions de travail porte son lot de suicides dans ses tuyaux.

Si les suicides liés au travail sont l’expression d’une violence patronale et managériale, ils démontrent aussi combien notre isolement peut nous être préjudiciable. Face à ce qui peut conduire de nombreux exploités à abréger leurs propres souffrances, ce que nous devons construire n’a rien d’inédit. Nous devons œuvrer à la base, à remettre à la mode des pratiques collectives de solidarités et d’autodéfense de classe. Quand la bourgeoisie touche à un ou une, elle touche à tous. Il n’y aura jamais de paix.

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Notes:

1 Pour être reconnu comme accident du travail, et donc permettre à la famille de toucher ce que l’employeur et la Sécurité Sociale leur doivent, le suicide – ou la tentative – d’un ou une salariée doit avoir été commis sur le lieu ou le temps de travail. Sauf si l’employeur cherche à démontrer que le suicide n’a pas de rapport avec les conditions d’exploitation. A contrario, si le suicide a lieu ailleurs, c’est aux proches de prouver que c’est en lien avec le travail.

2 Ces statistiques sont à regarder avec un œil critique. Les reconnaissance en accident ou en maladie du travail sont des procédures où énormément de moyens sont mobilisés par la bourgeoisie pour que les conditions de travail ou l’exposition à des produits toxiques, ne soient pas reconnus responsables du décès. Sans compter que les procédures à rallonge, peuvent décourager nombre de familles endeuillées.

3 Les chiffres datent de 2015. Il est fort probable qu’il faille les revoir à la hausse. Autre chose, ils prennent en compte les policiers, « secteur » où il y a un taux élevé de suicide. Les policiers, bien que salariés, par leur fonction de protection armée des intérêts de la bourgeoisie, sont directement opposés aux exploités.

4 Si on regarde ces statistiques de plus près on voit que 20 % sont liés à un état dépressif ou encore 10 % à une maladie psychique (Observatoire National du Suicide). Rien n’est dit sur les raisons qui y mènent.

5 Pour Édouard, s’en sont suivi des mises à pied, un « dernier avertissement avant licenciement » ainsi qu’une mutation disciplinaire qui ont fini par avoir raison de lui. Dans son cas, s’ajoute aussi sa position de syndicaliste de lutte, que l’entreprise a voulu lui faire payer.

6 Vaste plan de restructuration de l’hôpital public qui programme des diminutions d’effectifs, du nombre de lits, des licenciements déguisés et enfin une mobilité forcée des personnels soignants sur un territoire plus grand. Voir le tract de SUD Santé « Le GHT ? Une réforme de l’hôpital public au goût du ministère« 

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