Le texte qui suit à été écrit par des camarades à Marseille, suite à la catastrophe qui s’y est produite récemment. Un autre texte sur le même sujet sera disponible dés demain.
Le travail, comme le logement, c’est du chantage. Au boulot, si tu travailles t’es payé, si tu travailles pas t’es pas payé : chantage. A la maison, si tu payes tu peux rester vivre ici, tu payes pas tu pars : chantage, encore. Mais en pire parce que ton salaire tu l’as quand tu as fini de bosser alors que ton loyer tu le payes en avance, avant d’avoir passé le mois dans ton logement.
La seule chose qui marche pour répondre au chantage, c’est le chantage. La grève est une forme de chantage. Pour combattre l’exploitation, la dénoncer ne suffit pas. On doit répondre par la force en se donnant les moyens d’être menaçant grâce à l’organisation collective.
Même en dehors des luttes, sur un chantier, la cadence est donnée par les ouvriers. Plus les groupes sont soudés, plus ils font baisser les cadences et plus il sera difficile pour le patron de déterminer qui est le paresseux et qui est le perturbateur. De la même manière, un locataire qui ne paye pas son loyer se fait déloger par les huissiers, mais si deux cents font la même chose, ce n’est plus possible de les virer.
Plus les travailleurs sont soudés, plus ils font baisser les cadences. Plus les habitants sont soudés, plus ils ont de pouvoir sur leurs conditions de vie… ça tombe bien, la plupart des habitants sont des travailleurs et la plupart des travailleurs sont des habitants.
Si les promoteurs, les entrepreneurs construisent et entretiennent nos logements ce n’est pas pour nous, mais pour gagner de l’argent. S’ils ont plus d’argent à se faire en nous laissant mourir qu’en rénovant, ils nous laisseront mourir.
C’est à nous de leur montrer que s’ils comptent nous faire dépérir, ça leur coûtera finalement plus cher. Nous devons nous donner les moyens de le leur faire payer. Ils ont la thune. On a le nombre.
Les pouvoirs publics et les forces politiques de gauche comme de droite savent donner l’impression qu’ils nous font l’aumône par humanisme quand ils nous relogent ou font quoi que ce soit d’utile pour nous. Pourtant tous les services qu’ils nous rendent c’est nous qui leur avons arrachés des mains par les luttes passées.
La situation est le résultat des luttes ou de leur absence et il est inutile de quémander des solutions à nos représentants. Tout ce qu’on obtiendra d’eux, il faudra le leur imposer et nous ne sommes pas des mendiants.
Alors à Noailles et partout où on meurt à petit feu dans des logements pourris qui nous coûtent des fortunes, comment on s’organise ?
- Faut-il arrêter de payer les loyers à Noailles ou n’en payer que la moitié ?
- Faut-il s’organiser pour faire payer les coupables ? Et si oui, lesquels ? Que des têtes tombent, d’accord, mais comment en tirer de meilleures conditions de logement ?
- Faut-il réquisitionner les logements vides ?
- Faut-il imposer les relogements qu’on veut plutôt que ceux lointains, pourris et provisoires qu’on s’apprête à nous proposer ? S’ ils veulent reloger les prolos du centre-ville, il y a des chambres libres à l’Intercontinental.
- Faut il repérer les entreprises en charge de ces bâtiments (Marseille habitat et Soleam) et occuper leurs locaux, leur imposer des travaux à l’œil?
- Comment créer une solidarité qui dépasse le cadre du quartier avec tous les prolos marseillais qui vivent dans des conditions similaires ailleurs ?
Toutes ces questions, nous les posons aujourd’hui, mais elles vous font sans doute écho. Il est temps de se les poser ensemble.
C’est collectivement qu’il faut y réfléchir pour qu’un autre « nous » puisse naître de la situation : nous les habitants de Marseille qui ne voulons plus vivre dans des taudis à l’abandon.
En attendant, on essaye de réunir des infos sur les conditions de logements dans la ville, de mettre en lien les forces qui existent déjà un peu partout et qui s’opposent à la politique d’urbanisme, à leurs propriétaires, et aux spéculateurs fonciers.
On sera à la manifestation de mercredi 14 Novembre à 18h, on espère vous y croiser aussi. Et vous pouvez aussi passer nous voir à nos permanences pour échanger sur le sujet, au local Camarade, au 54 rue Espérandieu, à côté du palais Longchamp, entre 18 et 21h.