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Le mouvement des gilets jaunes entre bientôt dans sa troisième semaine. A mesure qu’il prend de l’ampleur, qu’il s’inscrit dans la durée, des voix s’élèvent pour appeler à une plateforme de revendications. C’est encore plus vrai dés lors que les organisations de gauches rentrent dans le jeu. Est-ce un outil pour le renforcement du mouvement ? N’est-ce pas risquer de se limiter ? Et sinon, que faire ?
On le voit tous, aujourd’hui, niveau revendications c’est le bazar. On dirait presque que chaque groupe Facebook à sa propre plateforme… et on trouve de tout dans les revendications, y compris des choses contradictoires, y compris des propositions craignos, par exemple visant à plus réprimer les travailleurs sans papiers. Il faut a coup sûr batailler contre ces idées, qui ne font qu’affaiblir les prolos en les divisant entre français et étranger, qui visent à nous faire croire qu’on n’aurait pas les mêmes intérêts en fonction de ce qu’il y a écrit sur nos papiers d’identité, alors que nous partageons une condition commune. Mais ce n’est pas pour cela qu’il faut proposer d’autres revendications.
Revendiquer c’est se limiter.
Ce mouvement est parti d’une colère sociale, pour se transformer en explosion. C’est que si on commence à tirer le fil de ce qui ne va plus dans nos conditions de vies, c’est toute la pelote qui défile : salaire, prix, logement, bagnole, travail…
Bien sûr, on a pas assez de sous. Bien sûr tout est trop cher. On a le choix entre louer une cage à lapin en centre ville, ou s’endetter sur des années pour acheter un logement qui sera une demi ruine dans vingt cinq ans quand on aura fini de payer, et encore si tout va bien, si on a pu payer le crédit, qu’on s’est pas fait virer… Et en plus du coup faut débourser pour payer l’essence pour aller bosser, et le contrôle technique qui ne va pas passer… et on nous raconte partout que les légumes et la viande qu’on mange sont bourré de pesticides et d’antibiotiques mais on a pas les moyens d’acheter mieux ou bio, parce que c’est trop cher, ou alors juste pour les gosses, et le cercle vicieux d’une vie pour travailler au service d’un capital qui grossi toujours, pendant que nos vies sont toujours plus maigres. Et on hésite à se chauffer, parce que c’est trop cher. Et on fait des horaires de merde qui font qu’avec le transport en plus, on n’a plus de vie. Et, et, et…
Tout ça ne rentre pas dans une plateforme !
Cette situation, c’est nos vies. Et cela ne rentre pas dans une énumération, car c’est un tout. Peu importe par quel bout on le prend, tout suivra. Alors ne nous arrêtons pas. Ne négocions pas quelques miettes. Ce mouvement doit continuer et s’amplifier, devenir une vague énorme, tout emporter. Soyons confiant dans notre force. Elle s’amplifie chaque jour. Ce n’est pas nous qui avons intérêt à signer un traité de paix. La paix, comme le dirait Machiavel, c’est l’ensemble des conditions imposées au vaincu par le vainqueur.
Dans la paix sociale, nous sommes toujours les vaincus. Revendiquer, c’est donner au pouvoir les conditions de notre reddition.
Mais alors, que faire ?
Ce que nous faisons déjà. Amplifier la lutte. Aujourd’hui, de nombreux lycéens ont bloqués leurs bahuts. Le mouvement s’étend, et ce n’est qu’un début. Ne perdons pas de temps à négocier avec un état qui n’a que faire de notre situation. Agissons. Pour cela, mettons la question de la grève de masse à l’ordre du jour. Bloquons tout. Tenons des assemblées sur les points de blocage, coordonnons nous, soyons aussi ouverts à l’entrée dans le mouvement de nouveaux renforts.
