Une petite musique monte depuis quelques temps dans les groupes de gilets jaunes, sur Facebook comme sur les ronds points: le RIC, Référendum d’Initiative Citoyenne. En prenant de l’ampleur, cette revendication pourrait mettre en danger tout le mouvement des gilets jaunes, en offrant une porte de sortie au gouvernement, permettant même à Macron de sauver son poste.
Le figaro ne s’y est pas trompé: le RIC est une solution à la crise des gilets jaunes. Mais une solution pour qui? Certainement pas pour celles et ceux qui galèrent à finir le mois et qui, sur les ronds points, dans les manifs, crient leur colère depuis des semaines.
Pour les non-initiés, un résumé en deux phrases. Avec le RIC, si suffisamment de personne signent une pétition, alors il y a un référendum à l’échelle locale ou nationale, sur un sujet. Cela peut même aller dans ses versions plus radicales, jusqu’à la révocation d’un élu.
Une porte de sortie sans débourser un centime
S’engager à mettre en place un tel dispositif est clairement une aubaine pour Macron. Cela lui permettrait de ne pas débourser un sou de plus que les 100 balles et un mars qu’il nous a lâché dans sa « grande générosité »… Et d’en finir ainsi avec ce mouvement! C’est là ou les ennuis commencent.
Exit Macron démission ?
La fin du mouvement, c’est donc le maintien de Macron au pouvoir. Avec, la possibilité, une fois votée la réforme constitutionnelle, de proposer une pétition pour un référendum… On s’arrête. Alors, ça veut dire que l’une des toutes premières demande des gilets jaunes passe sous le tapis, comme ça?
Qu’il faudrait repasser par la case attente, puis pétition, puis référendum, pour en arriver là ou on est aujourd’hui, et alors que sa démission ne serait même pas suffisante? Cherchez l’erreur.
Les référendums sont le terrain des politiciens.
Qui a les moyens de faire des campagnes électorales? Qui peut débourser des millions pour tout cela? A une heure ou l’argent n’a jamais été aussi important dans le processus de réunions des suffrages, ou ce sont des milliardaires qui gagnent les élections, qui peut croire qu’une campagne électorale est le lieu ou les exploités, les galériens vont se faire entendre? Ceux qui sont à leur place en revanche, dans un processus comme celui-ci, sont les partis classiques. D’ailleurs, dans les pays ou des formes de ce dispositif existe déjà, ils sont utilisés par ces partis. Et pour quoi faire, tiens? On va être carré, impartiaux et prendre deux exemples venant de bords politiques opposés.
Deux exemples d’utilisations.
2009. L’extrême droite suisse et son parti l’UDC, longtemps dirigé par le milliardaire Christophe Blocher, a conduite une campagne de plusieurs mois contre la construction de nouveaux minarets en suisse. Il s’agissait d’un symbole, d’un prétexte pour s’en prendre aux musulmans, en mettant sur le devant de la scène un faux problème, celui des minarets: au moment du vote, il n’y avait que 4 minarets dans toute la Suisse, construits entre 1963 et 2008! Mais la campagne aura été l’occasion d’un déferlement d’attaques racistes. Elle s’est soldée par une victoire de l’extrême droite. En résumé, via ce dispositif, l’extrême droite a obtenue pour son parti une tribune, mis en scène un problème bidon pour diviser.
2017. Un syndicat de gauche italien, la CGIL, a fait campagne contre le Job act de Matteo Renzi, un équivalent encore pire par certains aspects, de la loi travail en France. Elle a obtenu les 500 000 signatures nécessaires, mais… a échoué devant la Cour constitutionnelle, qui a refusé d’accepter de retoquer l’ensemble de la loi. Selon la cour, la proposition de la CGIL aurait été « mal formulée »(!). En réalité, une abrogation totale de la loi, qui aurait provoqué la réintégration de millions de personnes licenciées, était inconcevable par le pouvoir. La CGIL a fait un recours… Qui a l’heure actuelle n’a pas abouti. Résultat: un référendum ne concernant qu’une partie de la loi. Et devant le succès de la campagne, le référendum n’a pas eu lieu, car ces dispositifs ont été supprimés avant. En résumé, le dispositif n’a pas permis d’abolir la loi contre les travailleurs car la cour constitutionnelle l’en a empêché. Mais la mobilisation a fait retirer certaines mesures sans même aller voter.
Bilan comparé.
Le bilan général de ces deux exemple, c’est que ce dispositif est avant tout un bon moyen pour créer de l’agitation sur de faux problèmes de société. En revanche, quand il s’agit de ce qui compte vraiment, nos conditions sociale, de vies, de travail et donc qui met en jeu les profits des riches capitalistes, alors plus question de laisser passer! C’est qu’au final, on est en plein dans la politique politicienne avec ces dispositifs. Et que ce n’est pas notre domaine. C’est logique, qui d’autres que les politicards ont intérêt à nous dire que la solution est dans les urnes, alors que nous sommes de plus en plus nombreux à nous abstenir, et avec raison!
Souvenons nous des derniers référendums en France:
Au niveau national, le référendum contre la constitution européenne a produit une majorité de non. Le pouvoir n’en a rien eu a faire et a promulgué la constitution quand même.
Au niveau local, le projet d’aéroport de notre dame des landes, qui impactait toute la Bretagne, à été calibré pour que les gens répondent oui: la zone du référendum a été limitée a la Loire Atlantique par calcul. Résultat: le oui l’a emporté. Et si l’aéroport a été annulé, c’est grâce à la lutte, a la base.
L’aspiration à faire dégager les élus et a prendre le contrôle de nos vies est juste.
Ce qui fait que le RIC marche, c’est qu’il s’appuie sur une défiance légitime contre les politiciens. Mais ce qui fait que nous sommes en position de force pour les pousser à dégager, pour en finir avec les conditions d’existence pourries qu’on subit, c’est notre présence sur les rond points, sur le terrain de la lutte. C’est ici qu’il s’agit de s’organiser pour se faire entendre, en organisant par exemple des assemblées sur les rond points.
Isolés, comme dans un isoloir, chacun chez soi, on est faibles. C’est ensemble qu’on est fort, dans le mouvement. C’est aussi ici que tout le monde discute, qu’on échange, qu’on réfléchit pour agir.
Pour reprendre la métaphore des amérindiens: ne quittons pas le sentier de la guerre, ne signons pas les accords pourris que les politiciens trahiront!
Notre boussole est claire: refusons tout ce qui affaiblit le mouvement. Aujourd’hui ce sont souvent les mêmes qui proposent le RIC et qui veulent en finir avec les occupations de rond point. C’est que derrière ces propositions, il y a des courants politiques qui agissent en sous marins dans le mouvement, pour en prendre la direction. Ne laissons personne récupérer cette révolte sociale. Continuons jusqu’à la victoire.
L’article est dispo en tract ci dessous.
Suite à la publication de cet article, nous avons reçu un nombre important de messages, qui nous ont conduit à mener de nombreux échanges par plusieurs biais. C’est que cette revendication du RIC porte en elle beaucoup d’aspirations contradictoires, mais, comme nous l’écrivions à la fin de l’article, s’appuie aussi sur une très forte aspiration à ne pas donner de chèque en blanc aux dirigeants, un réflexe de défiance qui est très salutaire! En cela, elle rejoint une vieille revendication du mandat révocable.
Ce qui est en jeu, c’est la nature de l’État. Outil neutre ou instrument de la domination de la classe possédante ? En tirant sur ce fil, c’est un ensemble de questions stratégiques sur les perspectives d’un mouvement qui sont posées. Réformes démocratique radicale ou révolution communiste antigestionnaire? Qui détient le pouvoir dans le capitalisme? Et qu’est ce qui est déterminant pour ne plus revenir en arrière, pour que le mouvement ne se fasse ni avoir ni récupérer?
Nous tenteront de répondre à tout cela dans les jours qui viennent.
En attendant, ajoutons deux points:
1. Pour donner une consistance réelle à ces questions, la grève de masse est indispensable. Elle seule peut permettre de donner le temps, l’énergie, la force aux millions de travailleurs pour constituer des milliers d’assemblées, des comités d’actions, débattre et échanger ensemble: le passage d’une révolte sociale à un processus plus engageant est à cette condition.
2. La question de la forme d’organisation est ouverte. Comités d’actions? Assemblée de masse? Et les soviets, les conseils ouvriers? Et la démocratie directe? Nous avons écrit plusieurs textes sur ces questions, trouvable sur le site, par exemple ici: http://www.19h17.info/2016/03/21/democratie-mouvement-reel-critique-des-assemblees-democratiques/
Mais il nous faut aller plus loin. En sachant qu’un mouvement de masse développe une intelligence collective bien plus grande que tous les groupuscules. L’enjeu est alors de participer aux processus de débats et d’expérimentations, pour y prendre position. Ce que nous feront, avec comme boussole claire: tout ce qui renforce le mouvement renforce la perspective révolutionnaire de classe.
Tout dépend dans quel condition. on pourrais déposer le texte constitutionnel exact que nous souhaitons obtenir , mais aussi les modalité relativement clair et précise pour éviter tous les ecueil que cite l’article (par exemple la question de la constitutionnalité des question j’en parle dans ma proposition de modalité), Ensuite exiger un referendum immédiat dans le mois qui viens pour sortir de la crise avec pour question: l’instauration du RIC tel que proposé par les gilets jaunes. Il ne s’agit pas de signer un accor dpuis de laisser le gvt faire. Non ilf aut s’organiser, puis proposer notre sortie de crise. Et effectivement elle permet au gvt de sortir aussi de la crise par le haut, mais c’ets là toute la beauté de la stratégie. On leur offre une porte de sortie à cours terme qui les tuera à long terme.. Pour une fois que c’est pas l’inverse.. Si vous voulez dire qu’en négociant avec le gvt on peux se faire entuber.. C’est évident, mais le RIC n’a rien à voir la dedans, on peux se faire entubé avec n’importe quel revendication. Et le RIC c’est aussi l’avantage d’avoir un seul mot d’ordre, clair et audible auprès de l’ensemble de la populaiton en colère contre le système depuis des années, quel que soit leur bord politique. Vous êtes un journal partisan, je comprend; mais s’il vous plaît laissez votre politique partisane en dehors du mvt des gilets jaunes, pour ne pas l’affaiblir, ne soyez pas trop gourmand et opportuniste. La force des gilets jaunes c’est de pouvoir unir des bord politique différents et des gens éloigné de la politique. Le RIC est parfait pour continuer dans cette optique. Soyez constructif et luttez pour que l’on obtienne un vrai RIC dans de bonne condition. c’ets un combat subtil loin d’être gagné.
La réponse à ce commentaire nous permet d’affirmer avec plus de clarté une position implicite dans notre article : Quel que soit le dispositif légal adopté, il ne permettra pas de remettre en cause la racine du pouvoir du capital.
Toutes les lois, les constitutions, même démocratique ++ ne sont que des vains mots face a l’impératif capitaliste du profit.
La paix sociale et le retour a l’ordre, c’est aussi l’impuissance des masses exploités,l’isolement, le quotidien de la galère…
Ce qui fait la force d’un mouvement c’est sa capacité de nuisance, jusqu’à remettre en cause la propriété, l’état, l’argent et cie, dans l’extension de la lutte, par toutes les armes que l’on peut avoir, dont la grève de masse.
C’est chemin faisant dans l’approfondissement d’un processus révolutionnaire que l’ensemble des questions de l’organisation de la société peuvent être posées et résolues, par l’action consciente de millions de personnes.
« Toutes les lois, les constitutions, même démocratique ++ ne sont que des vains mots face a l’impératif capitaliste du profit. »
Le pouvoir du Capital EST un problème. Tu penses que c’est le problème racine, ok. C’est quoi ta revendication?
Dire que la démocratie on s’en fout, et qu’il n’y a que la lutte contre le Capital qui compte: tu trouves pas ça triste?
Tu es CONTRE le RIC ou tu fais juste du boudin parce que, pour la majorité des GJ, le RIC parait plus réaliste qu’une société où le Capital aura disparu?
Restons UNIS. Acceptons de la diversité dans nos idées.
Si demain, avec mon Gilet « RIC en toute matière! », je te croise avec ton Gilet « A bas le Capitalisme »: j’espère quand même qu’on se fera un bisous 😉
Le RIC est parfaitement réaliste: tout a fait d’accord. Reste a savoir où le réalisme nous mène. Les appels au réalisme,en général, ( si on excepte la boutade de Guevara) servent a nous faire bouffer des couleuvres. Le coup de la démocratie participative on nous le fait depuis des dizaines d’année désolé mais ça marche pas.
À PROPOS DU RIC ET DU TEMPS
Chaque chose en son temps et le temps du ric, me semble t’il, n’est pas le plus urgent bien qu’il soit très important. Le SMIC n’a pas été augmenté, la prime d’activité l’a été, ce n’est pas la même chose. Elle ne concerne pas tous les smicards. l’augmentation de la CSG n’a pas été annulée pour tous les retraités, les salaires et pensions n’ont pas été augmentés. Nous déplorons des morts, des mutilés, des blessés. Chacun appréciera en fonction de sa réalité et de fait, le mouvement déplore déjà les défections de celles et ceux qui ont été « satisfaits » grâce au rapport de force créé. La manœuvre est grossière mais apparemment elle fonctionne. Opposer pouvoir d’achat et de décider, si c’est ce que le peuple souhaite, je m’y soumettrai. Mais ce peuple, est ce lui qui jusqu’à obtention du RIC, remplira le frigo de celles et ceux dont les mois se terminent le 15 ? Qu’avons nous obtenu de si significatif en terme de pouvoir d’achat qui nous permet de passer maintenant à la question démocratique ? Le patronat, grand responsable, peut continuer tranquillement à dormir sur ses deux oreilles. Il n’a pas mis une seule fois la main à la poche, au contraire.
En effet je trouve ( pour le moins ! ) LOUCHE que le figaro (entre autres « medias » de droite !) approuve le R I C