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Les insurgés de Mayotte vont-ils se contenter de si peu?

16 avril 2016 – Mise à jour de l’article publié le 12 avril dernier après treize jours de grève générale à Mayotte.

Il aura fallu 15 jours de grève générale et que la population de Mayotte dressent des barrages routiers à différents coins de l’île pour que les médias français commencent à évoquer la situation. Alors que la grève prenait un tour insurrectionnel, le gouvernement français a organisé, à Paris, des négociations avec l’intersyndicale. La population mahoraise dans sa majorité pauvre qui subit le traitement colonial de l’Etat français ne réclame pas autre chose que l’égalité avec les français de métropole. Mais les syndicats viennent de se mettre d’accord avec la Ministre des Outre-Mers, George Pau-Langevin, sur de vagues et minimales avancées. Loin, très loin de ce que la plate-forme revendicative exigeait.

« L’égalité réelle » revendiquée.

Déjà en novembre 2015, l’île connaissait une forte mobilisation des travailleurs mahorais revendiquant l’égalité réelle, notamment en ce qui concerne les diverses allocations qui, à Mayotte, sont inférieures à celles versées en métropole. Les travailleurs mahorais et leur famille en lutte contre ce traitement colonial avait été contraints de stopper leur grève dans le contexte de l’état d’urgence instauré après les attentats du 13 novembre à Paris. D’autant qu’à Mayotte, l’Etat français maintient l’ordre à coups de blindés dans les rues.

L’intersyndicale de l’île appelle alors les salariés du public, dont de nombreux enseignants, comme ceux du privé, ainsi que des retraités à reprendre la lutte entamée en novembre dernier. Ils répondent présents et reconduisent la grève le lendemain, 31 mars.

« Concernant le projet de loi El Khomri nous nous sentons concernés parce qu’aujourd’ hui, nous réclamons l’application du droit du travail commun. A Mayotte, nous sommes régis par un code que  je qualifie de colonial parce qu’il représente à peine 20% du code métropolitain. Nous combattons cet état de fait aujourd’hui et nous exigeons l’application du code du travail. », a déclaré pour sa part El Anziz Hamidou, secrétaire de FO.

La situation de pauvreté du prolétariat mahorais est éloquente. Alors que le coût de la vie est beaucoup plus élevé qu’en métropole, plus de 80% des 21 000 habitants de l’île vivent sous le seuil de pauvreté. Une grève générale de 44 jours avait d’ailleurs été déclenchée contre la « vie chère » en 2011. Le chômage très élevé (près de 50% des moins de 25 ans) et le montant du RSA correspond à 37,5% de celui versé en métropole. Face à cette gestion coloniale des prolos mahorais, la revendication d' »égalité réelle » prend tout son sens.

Au treizième jour de grève, les grévistes bloquent les routes.

L’intersyndicale semble décidé à maintenir une pression et même de la faire monter d’un cran. Après plusieurs manifestations, des piquets de grève ou des opérations escargots, les grévistes bloquent maintenant les routes, notamment en réaction au mépris du préfet de l’île. L’intersyndicale exige d’ailleurs la nomination d’un médiateur, et a annoncé qu’elle ne lèverait pas les barrages avant.

Plusieurs barrages ont fleuri à différents endroits des routes les plus importantes de l’île. La circulation des marchandise en est ainsi très largement perturbée, ce qui a le don de foutre en rogne le patron du MEDEF local. Mais c’est à ça que servent la grève et les blocages: attaquer le patronat et la bourgeoisie là où ça fait mal, son porte-feuille, jusqu’à satisfaction des revendication.

«On voit bien que les gens ne sont pas venus travailler. Depuis la grève dure contre la vie chère en 2011, on n’a pas assisté à un tel blocage de l’île, avec des barrages partout », a expliqué un autre syndicaliste à l’AFP.

De nombreux « jeunes » se sont joints aux barrages, des voitures de police ont été caillassées et plusieurs habitants se sont rués dans les magasins pour faire des provisions par peur des pénuries. Beaucoup de magasins sont contraints de baisser le rideau sous contraintes des manifestants.

« Sortie de crise »

Alors que des habitants s’organisent à la base, les médias commencent à parler de manifestants incontrolables et jeunes casseurs. Des forces de l’ordre sont appelées en renforts. Elles parviennent à enlever plusieurs barrages, mais ceux-ci sont souvent remontés au petit matin.

Les délégués syndicaux (CGT, CFDT, FO…) appelés à venir entamer des négociations à Paris, sortent de là avec un « protocole de sortie de crise » selon leurs propres termes. Les délégués ne sont pas dupes: « c’est un début, nous avons signé non pas un accord, mais un relevé de conclusions. Nous sommes très loin de ce que nous demandons. » Aucunes des revendications principales ne promet d’être satisfaite. Au mieux, il s’agit d’un échéancier portant sur l’alignement sur le droit du travail appliqué en métropole pour janvier 2017. Quand on sait ce que promet la loi El-Khomri par rapport à ça, y a pas de quoi triompher…

Mais l’objectif à court terme du gouvernement était la levée des barrages et le rétablissement de la circulation de la sacro-sainte marchandise. L’intersyndicale qui annonce devoir consulter « sa base » s’est d’ors et déjà positionnée pour le retrait des barrages dont certains semblent échapper à leur contrôle. La population insurgée de l’île va-t-elle se contenter de ces maigres avancées?

A suivre…

mayottebarrage

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La plate forme revendicative porte entre autre sur :

  • L’indexation des salaires : le point d’indice des fonctionnaires gelé depuis 2010 ne connaîtrait qu’une augmentation de 0,6% en 2016
  • L’attractivité du territoire : possibilité de se faire soigner et d’accéder à tous les services publics
  • L’alignement des allocations familiales et des autres prestations sociales au même niveau qu’en métropole
  • L’amélioration du système éducatif avec notamment la construction des nouvelles infrastructures scolaires
  • L’application du code de travail national à Mayotte et l’abandon du projet de loi El Khomri
  • Le droit à la solidarité nationale pour les retraites de base et complémentaires.

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