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Pourquoi la finance est-elle nécessaire au capitalisme ?

La dénonciation de la financiarisation de l’économie est très à la mode depuis le début de la crise de 2008. Si ça s’est un peu calmé chez les politiques ces derniers temps, elle reste largement présente en filigrane chez tous ceux se présentant comme « anti-système ». Quel système ? Ce n’est jamais clair, chacun à sa version et personne ne met le mot « capitaliste » derrière. Mais presque tous affirment leur volonté de redonner sa place à « l’économie réelle » par rapport à la finance vue comme « parasite ». Comme s’il existait deux formes de capitalisme, bien différentes et déconnectées l’une de l’autre.

En réalité, séparer ces deux formes semble beaucoup plus compliqué. Pour comprendre comment le système capitaliste fonctionne, faisons un bref panorama économique de ces 70 dernières années.

Petit retour historique …

À la sortie de la Seconde Guerre mondiale, tout est à reconstruire. En Europe, les bombardements des alliés et de l’axe ont rasé des villes entières, mais aussi les usines et voies de communication. Plus de 85 millions de personnes, en grande majorité des prolétaires, ont été tuées durant le conflit ou suite aux pénuries, soit 3,5% de la population mondiale. Cette baisse relative et les travaux nécessaires à la reconstruction font disparaître le chômage. Les investissements sont recherchés et permettent de faire des profits importants. Les bénéfices générés par la relance de l’économie poussent les capitalistes à réinvestir l’argent gagné dans la production de leurs usines.

 … et économiquefinanciarisation de l'économie

Les usines se développent et surtout se mécanisent de plus en plus. Les capitalistes investissent dans de grosses machines permettant d’augmenter la productivité horaire. C’est-à-dire qu’avec ces machines, la même heure de travail de l’ouvrier permet par exemple, de produire quatre fois plus de marchandises. Cette augmentation massive de la productivité permet de produire plus pour moins cher. Mais jusqu’à la fin des années 1960 en Europe, les profits sont tels qu’ils permettent d’augmenter les salaires au même rythme que la productivité. Du coup, le prolétariat est progressivement de plus en plus intégré à la consommation de ce qu’ils produisent et donc à la reproduction du capitalisme.

Le problème à force d’augmenter toujours la production en investissant dans les machines, c’est que le capitaliste ne peut réellement faire du profit que sur l’exploitation du travail humain. Pour lui, au-delà de la plus-value point de salut ! Mais au fur à mesure, la part des travailleurs par rapport aux machines est de moins en moins importante((C’est ce qu’on appelle l’augmentation de la composition organique du capital ou l’alourdissement du capital. C’est un phénomène inhérent au fonctionnement même du capitalisme)).  Cette contradiction provoque ce que l’on appelle la baisse tendancielle du taux de profit, dès que les bénéfices générés par l’augmentation de la productivité ne sont plus en capacité de compenser le coût de ces nouvelles machines. Du coup, le profit que le capitaliste faisait par marchandise baisse, heureusement il compense ce manque en tentant de vendre plus grâce à l’augmentation de sa production.

Puis arrive la crise

Tout va bien tant que ça fonctionne, le problème survient à la fin des années 1960. Les profits en baisse ne parviennent plus à être compensés par l’augmentation de la productivité. On arrive à une limite. Réinvestir l’argent gagné dans le développement de la production ne rapporte clairement plus assez. C’est ce que l’on appelle une crise de suraccumulation du capital.

Ces profits trop bas poussent également les capitalistes à ralentir l’augmentation des salaires des prolos qui sont rattrapés par l’inflation.

Mais cette baisse relative des salaires ne permet pas de rétablir suffisamment les profits, surtout que les luttes sociales se développent partout dans le monde pour les empêcher. Investir dans la production (« l’économie réelle ») n’est plus assez rentable, et ce à cause du fonctionnement même du système. L’ensemble de l’économie mondiale rentre alors en crise.

«La financiarisation de l’économie» en période de crise

Les capitalistes vont alors chercher de nouvelles sources de bénéfices qui pourraient leur permettre de maintenir leurs profits. C’est à ce moment-là qu’on assiste à une phase de financiarisation de l’économie. Seule la bourse étant à même de promettre des taux de rentabilité suffisamment élevés. Mais les revenus générés par les fonds de pension viennent toujours de la production réelle. Du coup pour rester « compétitif » et  « baisser le coût du travail », débutent les grandes vagues de délocalisation et les plans sociaux. C’est la restructuration.

Les investissements capitalistes se tournent ensuite massivement vers le crédit qui leur permet de récupérer un bénéfice fixe : l’intérêt. En prêtant aux prolétaires, cela leur permet d’écouler les stocks de marchandises produites, même lorsque l’on a baissé leurs salaires. En plus dans le système actuel, on n’a pas forcément besoin d’avoir de l’argent pour en prêter à quelqu’un d’autre. Il suffit de rembourser au fur à mesure que l’autre nous rembourse à son tour. L’argent de ces crédits n’existe pas vraiment, ce qui donne l’impression que la masse d’argent investi en bourse est importante. Cette masse grossit encore lorsque ces crédits sont titrisés((c’est-à-dire découpés puis regroupés pour ne plus savoir à qui on a prêté)) et revendus plusieurs fois. Les sommes échangés deviennent folles, même si c’est en réalité le même prêt qui est échangé plusieurs fois.

Un seul but : repousser le problème

On a donc là la naissance d’une bulle spéculative comme celle des Subprimes. Qu’importe ! À partir du moment où les capitalistes ont l’impression que les investissements rapportent suffisamment. L’impression seulement, car si trop de préteurs veulent récupérer leur argent en même temps, le château de cartes s’effondre comme en 2007.

Mais la financiarisation de l’économie ne règle en rien le problème principal du capitalisme : la baisse tendancielle du taux de profit. Les bulles spéculatives permettent tout juste de repousser quelque temps le problème qui, dès qu’elles explosent, resurgit à chaque fois de plus en plus violemment.

La financiarisation de l’économie ne suffit pas et trouver des investissements suffisamment rentables est de plus en plus dur pour les capitalistes. La situation est telle que certains choisissent même d’investir dans des prêts à taux d’intérêts négatifs. C’est-à-dire que celui qui emprunte de l’argent ne paie pas d’intérêt, au contraire le préteur lui donne de l’argent pour le remercier d’avoir fait un emprunt. C’est ce qui arrive avec la dette Allemande par exemple. L’Allemagne étant un pays sûr, le préteur est certain de récupérer sa mise, ce qui n’est pas forcément le cas s’il le place en bourse ou même dans certaines banques proches de la faillite.

financiarisation de l'économie graphique

Qu’est-ce que cela implique ?

Finalement qu’est-ce que l’on peut tirer comme conclusion à cette petite rétrospective historique et économique ?

  1. La crise du capitalisme existe réellement. Ce n’est pas un simple argument rhétorique pour justifier les plans d’austérité et la baisse de nos salaires. Le fonctionnement même du système est empêtré dans ses contradictions. Le principe même du capitalisme étant basé sur l’investissement, si ces derniers ne sont plus rentables, que faire ? Baisser les salaires et investir dans les bulles spéculatives reste une solution à court terme mais ne règle pas le problème.
  2. Le capitalisme n’est pas en crise permanente. Évidemment cela peut donner cette impression vu que c’est la même crise qui dure depuis les années 1970 avec diverses phases d’accalmie. Bon nombre d’entre nous n’ont connu le capitalisme qu’en crise et ont l’impression que c’est l’état constant de l’économie. Sauf que, comme disait Marx : « Des crises permanentes, ça n’existe pas», le système peut se remettre de ce problème de suraccumulation du Capital au prix d’une restructuration drastique : la Guerre. Mais ce sera l’objet d’une autre notion d’explication : « Pourquoi le capitalisme en crise a besoin de la guerre ? » Bref, le capitalisme ne s’effondrera donc pas tout seul, il peut se remettre sur pied si, lorsqu’il est affaibli en période de crise, le prolétariat ne parvient pas à l’abattre.
  3. La  « finance » et « l’économie réelle » ne sont pas séparées. Ce sont les mêmes capitaux qui sont investis dans ces deux sphères. Plus encore, c’est parce que le système capitaliste entre dans ses propres contradictions que l’on voit le développement de la finance à partir des années 1970 (la financiarisation de l’économie). Les capitalistes doivent continuer à faire des profits. Et si le seul endroit qui permet encore d’en faire suffisamment c’est en mettant de l’argent dans des bulles spéculatives, qu’il en soit ainsi. Qu’importe si ce n’est qu’artificiel et risque d’exploser à tout moment. Vouloir « moraliser » ou réguler la finance n’a donc pas vraiment de sens.

« Le capital n’existe pas deux fois, comme titre financier (action) et comme capital investi dans l’entreprise. L’action n’est ici qu’un titre de propriété sur une partie de la plus-value réalisée par le capital de l’entreprise »

Marx, Le capital livre III, chapitre 29

 

Dans le prolongement du site Tantquil.net auquel un certain nombre d’entre nous ont participé, nous lançons aujourd’hui une nouvelle série d’articles tentant de rendre accessibles certaines notions. Tantquil s’était concentré sur l’explication de termes d’économie marxiste avec la série des « Qu’est-ce que …» (La valeur, le salariat, la force de travail, la restructuration).

Dans la même lignée, nous lançons aujourd’hui la série des « Pourquoi … » pour présenter en termes accessibles des analyses marxistes sur la période actuelle ou expliquer certains des raisonnements que l’on défend.

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