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Les liens méconnus entre le fascisme et les classes dominantes

Le fascisme est enseigné dans tous les manuels d’histoire, et ses atrocités largement documentées. Ce que l’on ne dit plus, c’est que ce sont les bourgeoisies italiennes et allemandes qui l’ont largement soutenu, afin de rétablir l’ordre. Les responsabilités de la classe dominante dans l’émergence du fascisme sont ainsi soigneusement mises de côté…

Un peu d’histoire

Dans la plupart des discours, y compris chez les révolutionnaires, le fascisme est vu comme un problème avant tout moral, un mal absolu, qui mène à l’écrasement et à la ruine de tout ce que nous défendons. Ce discours n’est pas faux, mais il ne nous semble pas suffisant. En effet, pour nous, le phénomène qu’est le fascisme ne peut pas seulement être compris en termes moraux, mais aussi par rapport à ses liens avec le capitalisme comme système économique, ainsi que par sa place dans la lutte entre les différentes classes sociales

Ici, nous allons beaucoup nous appuyer sur les analyses de Daniel Guérin publiées dans Fascisme et grand capital. Ce livre examine l’ascension et le règne des partis fascistes dans les années 1920 et 1930 d’un point de vue économique et social.  D’ailleurs, nous pouvons retrouver des mécanismes similaires dans les programmes des partis d’extrême droite de nos jours, bien qu’heureusement ceux-ci ne soient pas encore au pouvoir dans notre pays.

Daniel Guérin part d’un constat simple : au-delà du bla-bla, de la rhétorique anticapitaliste des fascistes et des nazis, ces partis ont entretenu des liens étroits avec la grande bourgeoisie, surtout avec les magnats de l’industrie lourde, très liés à l’industrie de guerre. Ces liens se retrouvent tout au long de l’histoire des fascismes, de leur naissance à leur chute finale face aux Alliés lors de la Seconde guerre mondiale.

Cette relation avec la bourgeoisie était donc déjà présente à la fondation des partis fascistes. Comme nous l’avons évoqué, en Italie et en Allemagne, le parti fasciste de Mussolini et le NSDAP (le parti nazi) naissent des milices anti-ouvrières mises sur pied pour lutter contre les communistes et le mouvement ouvrier (squadri et Corps Francs) à la fin de la Première guerre mondiale. Equipées par l’armée, ces milices sont alors largement financées par le patronat et permettent d’écraser dans l’œuf la révolution sociale en Italie et en Allemagne.

Ces liens avec le patronat se poursuivent et se développent dans les années suivantes. Les partis fascistes, en plus d’organiser des milices, prétendent assez rapidement exercer le pouvoir, en balayant au passage la démocratie parlementaire. Dans cette optique, ils sont financés secrètement ou ouvertement par des industriels, à titre individuel, mais aussi collectif comme par des syndicats patronaux. Dans le même temps les mouvements fascistes poursuivent leur politique d’agression contre le mouvement ouvrier.

En plus de financer ces partis, la bourgeoisie offre un coup de pouce décisif à Hitler et Mussolini dans leur prise de pouvoir. Ils sont invités au gouvernement par les élites politiques bourgeoises. La fin des régimes parlementaires en Italie et en Allemagne n’est pas tant une défaite de la « démocratie » face au coup de force fasciste que la remise du pouvoir aux fascistes par les gestionnaires de ces démocraties parlementaires sans aucune lutte ni résistance.

Ainsi en 1922, lors de la fameuse Marche sur Rome qui voit la prise de pouvoir de Mussolini, les Chemises noires, coincées à 70 km de la capitale italienne sans transports, sont amenées à Rome par des autocars affrétés par le gouvernement, sans lesquels ils n’auraient jamais pu prendre la ville. Plutôt que le triomphe d’un coup de force fasciste, c’est une opération de communication qui médiatise la cérémonie de remise des clés aux nouveaux gestionnaires de l’Etat que sont les fascistes. De même, en 1933 en Allemagne, les nazis qui ne sont pas majoritaires au parlement sont invités à participer au gouvernement par le conservateur Von Papen, avec le soutien de la bourgeoisie, de l’Armée et des junkers (grands propriétaires terriens). Le NSDAP commençait pourtant à reculer dans les élections. A méditer au regard de la situation politique de nos jours.

Une fois au pouvoir

N’oublions pas que les fascistes ont fait de l’anticommunisme un de leurs principaux axes de campagne, prétendant protéger la « Nation » contre le péril collectiviste. Ce discours est agréable aux oreilles du patronat qui est alors soucieux de mater un mouvement ouvrier en plein développement. Dès leur arrivée au pouvoir, les partis communistes sont les premiers à être interdits et sévèrement réprimés par les fascistes. En Allemagne la répression va même jusqu’à la déportation en camp de travail de plusieurs dizaines de milliers de militants communistes en prenant comme prétexte l’incendie du Reichstag.

Les syndicats et principalement les syndicats rouges sont très rapidement interdits sous prétexte de nuire à « l’harmonie nationale ». Ils sont immédiatement remplacés par des syndicats fascistes de collaboration, dirigés d’une main de fer par des cadres liés directement au pouvoir. Inutile de dire que ces syndicats ne sont pas très souvent en grève, ni particulièrement revendicatifs.  L’exemple le plus avancé est le « Front du travail allemand » mis en place par les nazis. Celui-ci remplace les syndicats, mais se place toujours du côté des directions contre les revendications des salariés. Très mal considéré par ces derniers, il constitue un échec politique.

A cette liquidation des partis et syndicats ouvriers s’ajoute une épuration au sein même des partis fascistes. En effet, les fascistes avant leur ascension au pouvoir ont tenu des discours anticapitalistes, promettant une certaines justice sociale et la punition des patrons vautours. Certains militants venus de la classe ouvrière, souvent au chômage, ont cru à ces discours. Peu après l’arrivée au pouvoir des partis fascistes, afin de rassurer les responsables des industries finançant le mouvement, ces courants sont purgés. C’est le sens de la Nuit des longs couteaux de 1934 en Allemagne, qui voit la liquidation de la SA, dirigée par Ernst Röhm. Celle-ci demandait une « seconde révolution », c’est-à-dire une révolution sociale suivant la révolution nationale, ce qui était inacceptable pour l’aile la plus à droite du mouvement et la grande bourgeoisie. La contestation interne est écrasée dans le sang et la SA est dissoute. Nous constatons la même logique en Italie avec l’abandon rapide des références sociales du fascisme, ou encore en Espagne, lorsque les phalangistes « sociaux » sont purgés par Franco.

L’arrivée au pouvoir des fascistes se traduit aussi par une politique économique pro-patronale. Sous prétexte de réformer l’économie, les diverses branches de l’industrie sont regroupées en corporations qui contrôlent les prix, la production et les salaires. Bien entendu, ces institutions « paritaires » sont gérées par les représentants du patronat, avec l’assentiment des gouvernements fascistes.

Cette nouvelle organisation du travail aboutit tout naturellement à une baisse des salaires des ouvriers, qui n’ont plus le droit de se mettre en grève. Selon Guérin, les salaires baissent d’entre 20% et 30% après l’arrivée au pouvoir des fascistes en Allemagne et en Italie.

La politique économique des fascistes n’arrête pas ici ses mesures en faveur de la bourgeoisie. C’est toute une série de politiques de relance et de grands travaux qui, dans une perspective keynésienne, permettent de dynamiser la demande et la consommation. Ainsi Mussolini fait assécher des marais et construire des autoroutes. Néanmoins, la plus grande partie de la relance se fait par le réarmement avec des commandes militaires, des recherches, le développement de l’arme blindée, de l’aviation, de la marine et des travaux de fortification. Ce réarmement permet de faire tourner à plein régime la sidérurgie, le charbon, le bâtiment, mais aussi le textile et d’autres secteurs de l’industrie légère. La relance de l’industrie est financée par la création monétaire, les fascistes faisant tourner la planche à billets, remplissant au passage les poches des industriels. De nos jours, le programme économique du Front National, contient des mesures qui ressemblent étrangement à la relance fasciste.

Ces grandes politiques de relance sont aussi orientées vers une politique étrangère impérialiste agressive. Cette politique d’expansion territoriale, en plus de regonfler le moral national, permet aux bourgeoisies des pays fascistes d’acquérir de nouveaux marchés, dans une période de protectionnisme suivant la crise de 1929.

Pour conclure, nous pouvons dire que malgré un anticapitalisme de façade, les régimes fascistes ont apporté un soutien substantiel à leurs bourgeoisies nationales, tout d’abord en attaquant les organisations ouvrières avant d’arriver au pouvoir, puis en gérant l’état pour le compte de cette classe à partir de 1922 en Italie et de 1933 en Allemagne.

Le fascisme n’entre pas en contradiction avec le capitalisme. Au contraire, il fonctionne en lien avec la bourgeoisie : il constitue une forme de gestion nationale du capital, qui peut être séduisante pour la bourgeoisie en période de crise politique et sociale. C’est un régime qui émerge lorsque la forme républicaine de la démocratie bourgeoise n’est plus à même de sauvegarder les intérêts vitaux de la bourgeoisie.

L’extrême droite, sans parvenir au pouvoir, depuis quelques années exerce une importante influence sur la vie politique en France et en Europe. Chasse aux pauvres sous couvert de lutte contre l’insécurité, violences policières légitimées et exacerbées, panique morale vis-à-vis de l’Islam, état d’urgence, tentatives de mettre en place la déchéance de nationalité… Toutes ces politiques ont un point commun : être nées dans les esprits de l’extrême droite, et sont devenues la norme. Cette série d’articles extraits du livre « Temps obscurs, extrême droite et nationalisme en France et en Europe », écrit par des contributeurs au site 19h17.info et du blog Feu de prairie, ont pour objectif de mieux comprendre ce retour en force et le danger qu’il implique pour nous. lorage

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Un commentaire

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