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Le souverainisme : altermondialisme et France Insoumise – Comment la confusion profite à l’extrême droite

Depuis quelques années une certaine confusion s’est installée entre la social-démocratie radicale et le Front National : ces formations ont désormais des pans entiers de leur programme en commun. Si ces mouvements restent différents, et qu’il n’est pas possible de les amalgamer, cette confusion ne peut à terme bénéficier qu’à l’extrême droite…

La critique de l’Union Européenne est aussi un point de convergence et de confusion entre l’extrême droite et une certaine gauche souverainiste, qui dénonce l’Union Européenne comme outil de mise en place de politiques néolibérales. Par contre, cette gauche va se borner à réaffirmer la nation républicaine comme outil d’émancipation, bien loin de l’internationalisme du mouvement ouvrier. Cette proximité entre les discours de la gauche souverainiste et de l’extrême droite crée des passerelles, de la confusion, et contribue donc à la dédiabolisation du discours réactionnaire.

L’union Européenne, un outil aux mains de la bourgeoisie

Sur le papier, l’idée d’Union Européenne pourrait sembler porteuse d’idéaux intéressants : paix entre les peuples, internationalisme, libre circulation des personnes…  Pourtant, il faut se rendre à l’évidence, l’UE est un outil aux mains des bourgeoisies européennes. Ses politiques sont totalement inféodées aux intérêts du capital, qui tente d’attaquer ce qu’il reste de l’Etat social dans les différents pays membres

 

Tout d’abord, rappelons que la liberté de circulation est à relativiser : si elle est effective dans la plupart des cas et qu’elle permet la circulation de flux de personnes et de marchandises qui rapportent énormément d’argent, il ne faut pas oublier qu’elle est facilement limitée lors d’évènements politiques comme durant les contre-sommets ou encore face à un afflux de migrants trop élevé. Elle ne fonctionne pas non plus dans toute l’Europe, comme le montre par exemple la situation à Calais où des migrants stagnent en attendant de passer la frontière britannique. C’est surtout aux frontières européennes qu’elle s’avère illusoire : l’Europe forteresse laisse de nombreux migrants mourir en mer alors qu’ils tentent de rejoindre cet « eldorado » xénophobe.

L’Union Européenne est principalement le vecteur de politiques néolibérales, visant à marchandiser de plus en plus de secteurs (privatisations), mais aussi à abaisser les salaires directs et indirects par le biais de politiques d’austérité tout en mettant en concurrence les travailleurs à l’échelle européenne.

Les plus récents traités européens (MES et TSCG), avec la mise en place du mécanisme de stabilité (MES), imposent aux états membres des normes de gouvernance de plus en plus contraignantes. Celle-ci vont systématiquement dans le sens de la bourgeoisie, que ce soit dans des cas particuliers (à l’échelle d’un secteur industriel) ou de la ligne politique générale. L’Union européenne est un outil d’ « harmonisation » par le bas, pour ne pas dire un outil d’écrasement du prolétariat, bien loin du projet kantien d’harmonie entre les peuples et de paix perpétuelle.

Le paroxysme de cette politique a été l’écrasement du peuple grec au nom d’une dette insoutenable, dont l’humiliation du parti social-démocrate Syriza est un triste épisode.

L’extrême droite et la « gauche radicale » contre l’UE

Les partis d’extrême droite, bien qu’ils prétendent avoir un discours social, ne sont pas vraiment opposés aux politiques décrites plus haut, et encore moins en faveur de la liberté de circulation. Par contre, ils surfent habilement sur le ressentiment causé par ces politiques. La question de l’Union Européenne va également brouiller les clivages politiques entre deux types de mouvements qui pourtant n’ont pas les mêmes fondements.

Nous avons vu que l’extrême droite est contre l’Union Européenne principalement par nationalisme et que son discours anti libéral n’est que poudre aux yeux. Par contre, de l’autre côté, la « gauche radicale » de type Syriza ou Podemos et ses clones dans d’autres pays, comme le Front de Gauche et la France Insoumise va mobiliser les anciens électeurs des partis sociaux-démocrates avec un discours anti austérité aux accents radicaux. Nous n’allons pas nous étendre sur les programmes de ces partis, mais pour résumer, à part une critique virulente de la corruption et un discours en faveur de la démocratie participative, leur principale perspective est de tenter de gagner les élections sans recourir aux luttes sociales afin de mener de mener une politique keynésienne de relance nationale. Ils réclament plus d’impôts, un recours à l’emprunt et à la planche de billets, un Etat social, des aides aux ménages pour relancer la consommation, etc.

A ce niveau, leur objectif est de relancer l’économie en mettant en place un capitalisme « à visage humain », plus social et qui taxerait un peu plus les patrons – bref, un réformisme avec de nouveaux habits, proposant un retour aux « Trente glorieuses » idéalisées, assorti d’une régénération de la « démocratie ».

Ce courant politique s’oppose à l’Union Européenne. Les membres de ces mouvements se partagent entre partisans d’une « autre Europe », plus sociale, et les partisans de la rupture avec l’UE et l’Euro, qui assument ce que l’on peut appeler un souverainisme de gauche.

En Europe, parmi les partisans de ce souverainisme de gauche, on peut compter pêle-mêle Jean-Luc Mélenchon, leader du Front de gauche, puis de la France Insoumise, le POI trotskiste, des économistes tels que Frédéric Lordon ou Jacques Sapir, des titres comme Le Monde diplomatique mais aussi en Grèce le KKE, la scission de gauche de Syriza « Unité Populaire », ainsi que le Bloc de Gauche au Portugal et des courants de Podemos.

Ce phénomène s’explique par le fait que dans un contexte où l’Union Européenne est l’outil de l’austérité, la question de l’acceptation du cadre européen de l’austérité et de l’euro est devenu un des clivages politiques les plus importants. Comme l’a montré la défaite humiliante de Syriza, celui qui refuse de s’y opposer ne peut que se résoudre à courber l’échine.

Comme cela avait déjà été le cas lors du référendum de 2005 sur la constitution européenne, face à ce clivage, ce sont bien deux tendances en apparence opposées qui se retrouvent sur des positions similaires.

D’un côté, il y des réformistes radicaux veulent une politique keynésienne de redistribution de la production, en prônant une série de réformes démocratiques assez illusoire dans le cadre du capitalisme mondialisé. Ils conçoivent l’Etat national comme un outil d’action politique leur permettant de mener à bien ces politiques.

De l’autre, l’extrême droite fait son beurre sur le sentiment populaire anti-UE, assumant pleinement la sortie de l’UE et de l’Euro. S’il y a convergence autour de ce clivage majeur, au-delà de leurs discours, les deux courants présentent pourtant des différences importantes. Comme nous l’avons vu, le programme économique de l’extrême droite est composé de mesures d’austérité organisant un transfert massif de richesse vers le patronat. Le cœur du programme anti UE de l’extrême droite, malgré un faux discours social, est xénophobe et nationaliste. Il vise à se donner les mains libres pour mener des politiques anti-sociales.

Le confusionnisme

La convergence apparente de ces deux courants autour de la même position anti-UE n’est pas sans créer la confusion.  Le discours faussement social de l’extrême droite, FN en tête, assorti à un discours anti UE ressemble beaucoup à celui de la gauche radicale : opposition aux délocalisations, à la mondialisation, pour des emplois pour tout le monde, de vraies politiques sociales (pour les nationaux), et augmentation des salaires. Rappelons que Florian Philippot (par ailleurs issu de la gauche souverainiste) a même déclaré que « la victoire de Syriza est un camouflet pour la caste UMPS Européiste  ».

Bien entendu ce discours n’est que poudre aux yeux, mais la confusion va être encore renforcée par les tenants de la gauche souverainiste qui vont « nationaliser » leur discours. Le champion de cette « nationalisation » est Jean-Luc Mélenchon qui ne rate pas une occasion d’affirmer son patriotisme et d’arborer des symboles nationaux (drapeaux et marseillaise), ne se privant pas de dénoncer l’Union Européenne, l’Euro mais aussi les allemands, par exemple dans son ouvrage au titre ridicule : Le hareng de Bismarck. Par ce double mouvement, les discours de ces deux types de formation, pourtant au départ bien distincts, se ressemblent de plus en plus. Au niveau de l’expression publique, la seule différence d’ampleur est le rejet de l’immigration et la xénophobie que la gauche radicale ne cautionne pas.

Ce confusionnisme tourne bien souvent à l’avantage de l’extrême droite, qui en plus de pouvoir mobiliser sur le thème de la sortie de l’UE, fait aussi campagne contre l’immigration et parvient à surfer sur des sentiments racistes et anti-immigration de plus en plus largement répandus.

Dans un concours de discours assez similaires, ce sont souvent les meilleurs communicants qui l’emportent.  Par exemple les discours du Front de Gauche et du FN peuvent avoir des similitudes troublantes, mais à ce petit jeu le FN est souvent plus audible car plus rompu aux ficelles de la démagogie et de la propagande, liant un discours de rejet de l’UE et du « système » à celui de l’immigration et à la peur de l’Islam. L’affrontement pour obtenir le soutien des classes populaires glisse donc vers des thématiques marquées à droite, ainsi, si Mélenchon réalise un bon score aux élections présidentielles de 2017, c’est Marine Le Pen qui parvient au second tour.

Mais ces similitudes sont dangereuses pour d’autres raisons plus profondes : alors que la stratégie des sociaux-démocrates avait été pendant des années de créer un « cordon sanitaire » autour de l’extrême droite en France, celui-ci vole en éclats. Le fait que ces deux types de formations tiennent un discours similaire crée un état de brouillage et de confusion qui ne peut qu’être favorable à une extrême droite en ordre de bataille.

L’  « Union Nationale »

Un des exemples les plus extrêmes de ce confusionnisme est le discours appelant à une « Union nationale » des opposants à l’UE et à l’Euro mêlant gauche radicale et extrême droite, dont le centre de gravité aurait bien entendu tendance à être à droite, voire du côté de l’extrême droite. Il a été tenu par Nicolas Dupont Aignant de Debout la République (qui appelle à voter FN en 2017), mais aussi par l’économiste anciennement proche du Front de Gauche et financé par la Russie Jacques Sapir, dont les déclarations en faveur d’une telle union nationale suscitent un tollé .

Cette convergence confusionniste ne peut qu’à terme bénéficier à l’extrême droite, et s’éloigne de l’internationalisme du mouvement ouvrier, sans pour autant pouvoir apporter de solutions au camp des travailleurs. Nous pouvons aussi remarquer qu’en Grèce, Syriza a cumulé deux trahisons :  tout d’abord, après des gesticulations anti UE, le gouvernement a capitulé et mis en place des mesures d’austérité sans aucune contrepartie sociale. Mais en plus de cela il s’est allié à la droite souverainiste de l’ANEL, petit parti défendant des positions semblables à celles de Debout La République, et proche de l’armée grecque.

Par ailleurs, nous rajouterons que d’un point de vue révolutionnaire, il ne faut absolument jamais accepter le piège mortel représenté par la fausse alternative entre d’un côté l’Europe de l’austérité et de l’autre un capitalisme national promettant de relancer l’économie. Celui-ci n’aboutirait qu’à un durcissement de l’exploitation dans un contexte d’économie en crise. Si nous sommes d’accord avec le fait qu’il soit nécessaire de sortir de l’Euro, nous pensons que cette sortie ne peut se faire que dans le cadre d’une sortie du capitalisme. Se positionner pour une sortie de l’Euro dans d’autres conditions ne peut qu’aboutir à un écrasement supplémentaire du prolétariat.

L’extrême droite, sans parvenir au pouvoir, depuis quelques années exerce une importante influence sur la vie politique en France et en Europe. Chasse aux pauvres sous couvert de lutte contre l’insécurité, violences policières légitimées et exacerbées, panique morale vis-à-vis de l’Islam, état d’urgence, tentatives de mettre en place la déchéance de nationalité… Toutes ces politiques ont un point commun : être nées dans les esprits de l’extrême droite, et sont devenues la norme. Cette série d’articles extraits du livre « Temps obscurs, extrême droite et nationalisme en France et en Europe », écrit par des contributeurs au site 19h17.info et du blog Feu de prairie, ont pour objectif de mieux comprendre ce retour en force et le danger qu’il implique pour nous.

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Un commentaire

  1. Effectivement, c’est le capitalisme qu’il faut attaquer. La mondialisation, les délocalisations, la financiarisation ne sont que des moyens de répondre à la dévalorisation générale du capital.

    La politique n’ a que peu de marges de manoeuvres aujourd’hui. Chacun allant chercher son ou ses boucs émissaires pour propagande.

    Mais, pour un politicien qui n’a qu’un but, prendre le pouvoir ou tout du moins en chiper une portion, il vaut mieux ne pas parler de la crise structurelle de l’économie;

    De toute façon, je suis absolument persuadé que la plupart des personnes se complait dans la médiocrité de la non vie que nous impose le système capitaliste et est persuadé que il n’ y a pas d’autre façon de nous socialiser que ce système.

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