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La monnaie selon Marx deuxième partie – Bitcoin crash #10

Nous avons détaillé, dans la première partie de La monnaie selon Marx, l’importance de la notion de circulation. Voyons à présent le point le plus important du développement de Marx: la fonction de la monnaie dans le capitalisme.

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Les fonctions de la monnaie selon Marx

Les fonctions de la monnaie selon Marx sont résumées aux pages 146 et 147 du livre I du Capital:

« Est monnaie la marchandise qui fonctionne comme mesure de la valeur, et donc aussi, que ce soit en chair et en os ou par le biais d’un représentant, comme moyen de circulation. L’or (ou l’argent) est donc monnaie. Il fonctionne comme monnaie d’une part là où il doit apparaître dans sa corporéité d’or (ou d’argent ), donc comme marchandise monétaire, donc ni de façon purement idéelle, comme dans la mesure de la valeur, ni susceptible d’être représenté, comme dans le moyen de circulation ; d’autre part là où sa fonction, qu’il la remplisse en personne ou par le biais d’un représentant, le fixe comme unique figure de la valeur ou comme unique existence adéquate de la valeur d’échange face à toutes les autres marchandises, en tant que valeurs d’usage pures et simples. »

L’objet de ce passage est de montrer en quoi le métal précieux, or ou argent, est monnaie. Le « d’une part » et « d’autre part » montre que Marx distingue deux aspects. Le premier aspect est celui des fonctions traditionnelles de la monnaie : le second aspect est le plus important car il est celui de la fonction de la monnaie dans le mode de production capitaliste.

Les fonctions traditionnelles

Le premier aspect est celui des fonctions traditionnelles de la monnaie. Deux de ces fonctions, celles pour lesquelles la monnaie n’a pas besoin de se matérialiser  comme marchandise, sont désignées : « mesure de la valeur » et « moyen de circulation ». Ici la monnaie peut se contenter de n’être que « idéelle » ou pure « représentation ». Les autres fonctions ne sont pas nommées. Ce sont celles qui demandent que l’argent apparaisse dans sa corporéité de marchandise, donc de métal précieux. Nous pouvons préciser qu’il s’agit des fonctions de thésaurisation et de moyen d’échange.

Il y a ainsi quatre fonctions traditionnelles : mesure de la valeur, moyen de circulation, moyen de thésaurisation, moyen d’échange. Les deux premières fonctions peuvent être remplies par la monnaie signe. Les deux dernières ont besoin, selon Marx, d’être assurées par de la monnaie marchandise.

Une remarque s’impose. Dans le second épisode de cette série, nous avons relevé que les manuels d’économie recensaient trois fonctions  de la monnaie. Marx, lui, en voit quatre. Il distingue en effet la fonction de « moyen d’échange » de celle de « moyen de circulation » que les manuels placent dans la même catégorie.

Pourtant, si la monnaie est moyen de circulation, c’est qu’elle est moyen d’échange, car la circulation des marchandises n’est jamais qu’une suite d’échanges mis bout à bout – marchandise contre monnaie, monnaie contre marchandise, et ainsi de suite. Dans cette perspective, la fonction de circulation et la fonction d’échange paraissent identiques. Il est bien évident que si la monnaie n’était pas un moyen d’échange elle ne pourrait pas être un moyen de circulation.

Marx distingue les deux pour une raison qui tient à la façon dont il envisage la valeur. Dans l’échange simple, ou l’échange « vrai », la valeur d’une marchandise ne peut s’échanger que contre la valeur d’une autre marchandise, laquelle s’exprime dans la quantité de travail socialement nécessaire à sa production. Mais si l’échange se multiplie, alors s’opère une métabolisation éphémère de la valeur dans le seul signe monétaire. La métabolisation est éphémère parce qu’au bout d’un certain moment, un échange « vrai » , qui suppose la corporéité de la marchandise monnaie, l’or ou l’argent, doit intervenir et clore le cycle, quitte à ce que dans le même temps une série d’autres cycles circulatoires éphémères commencent. On a donc à l’origine et au terme des échanges purement circulatoires un « vrai » échange, marchandise contre marchandise.

Ce que Marx a en tête, c’est que le « vrai » échange dans le capital est celui du procès de production : l‘achat de toutes les ressources nécessaires pour produire une marchandise et ensuite la relancer dans la circulation. Marx développera ce point dans la suite du livre I du Capital. A ce stade, nous pouvons souligner un aspect du raisonnement. Marx distingue l’échange simple (qui requière la monnaie marchandise)  de l’échange multiple ou circulation (qui peut se contenter de monnaie signe). Bien que la circulation soit une suite d’échanges simples, ses caractéristiques ne se déduisent pas de la multiplication des caractéristiques de chacun de ses éléments. La totalité acquière des propriétés que les éléments pris isolément ne possèdent pas par eux-mêmes. Cette forme de raisonnement, dont on trouve ici un exemple chez Marx, est fondamentale pour comprendre les phénomènes sociaux.

La fonction d’incarnation de la valeur

Le second aspect est le plus essentiel. Il s’agit de la « fonction » qui « fixe » la monnaie comme « unique figure de la valeur » et comme « l’unique existence adéquate de la valeur d’échange ». Marx ne signale pas que cette fonction est spécifique au mode de production capitaliste : mais nous  sommes dans le chapitre III, où le capitalisme est encore envisagé sous son aspect de système marchand, et alors que la procès de production lui-même ne sera étudié que dans les chapitres suivants. On comprend toutefois d’après l’ordre d’exposition qui est adopté par Marx que « l’unique figure de la valeur », elle-même aboutissement d’une longue histoire de la monnaie, est indispensable à l’existence même du mode de production capitaliste. C’est au moment où la production devient marchande que le stade suprême de la logique mercantile est atteint : ce n’est pas un hasard si le système bancaire et financier moderne et la révolution industrielle sont des phénomènes contemporains.

La fonction « d’unique figure de la valeur » ou « d’unique existence adéquate de la valeur d’échange » est fondamentale puisqu’elle rend le mode de production capitaliste possible. La monnaie incarne une qualité que toutes les marchandises possèdent mais que seule elle a la capacité de rendre sensible. C’est pourquoi elle doit, nous dit Marx, posséder elle-même une valeur, donc être une marchandise et « apparaitre dans sa corporéité d’or ». Cependant, dans le même temps, Marx reconnait que cette fonction dévolue au métal précieux peut s’accomplir « par le biais d’un représentant » : il s’agit bien entendu du billet convertible.

Arrêtons-nous un instant sur la notion de « figure de valeur ». De quoi s’agit-il ?

On le sait, la valeur selon Marx est fixée par le temps de travail socialement nécessaire à la production d’une marchandise. La valeur est dans cette théorie une qualité purement sociale : ce n’est pas une caractéristique physique de la marchandise. Une qualité purement sociale est quelque chose dont on peut dire qu’il se situe essentiellement sur le plan des représentations mentales, des idées. Le terme de « valeur » est d’ailleurs polysémique. On peut parler de « valeurs morales », qui sont aussi des représentations mentales sociales. La « valeur » d’une marchandise partage donc avec la « valeur morale » le fait d’être une représentation idéelle commune à un grand nombre d’être humains.

Si donc l’argent est la figure de la valeur des marchandises, on peut dire qu’il est la figure d’une idée. S’il agit par le biais de son représentant, le billet de banque convertible, alors celui-ci doit être considéré comme la représentation de la figure d’une idée. Mais idée, figure et représentation ne sont pas identiques. La valeur en tant que qualité sociale de la marchandise, expression de la quantité de travail socialement nécessaire pour la produire, est une notion difficile à saisir. La valeur d’échange d’une marchandise exprimée en quantité de monnaie est au contraire facilement compréhensible et renvoie à une expérience quotidienne. Les deux sont des idées, mais des idées d’une nature différente. L’argent traduit une réalité sociale complexe dans une forme concrète et quotidienne.

D’où l’importance de la « figure » de valeur. S’il n’avait pas été possible de disposer d’un outil comme l’argent, apte à rendre sensible une réalité sociale complexe,  jamais une formation sociale aussi sophistiquée que le mode de production capitaliste n’aurait pu voir le jour. Toutes les idées ne se valent donc pas. Certaines assument un rôle que d’autres n’ont pas. L’idée de valeur exprimée par la monnaie, la « figure de valeur », a une fonction que ne possède pas l’idée de valeur obtenue par l’analyse critique du capital, celle du temps de travail socialement nécessaire et de l’exploitation. Les deux sont pourtant liées et, si l’on admet la justesse des analyses de Marx, on doit reconnaitre que la première est un produit de la seconde.

La quantification monétaire n’a rien d’arbitraire : elle est la traduction d’une totalité sociale. Dans le capitalisme, la totalité sociale en question, c’est la production manufacturière, l’achat et la vente de la force de travail, l’exploitation des prolétaires. Que la valeur de la marchandise ne s’exprime que par son prix au moment de sa circulation ne réduit pas cette valeur à ce prix : celui-ci n’en est que la traduction, la « figure », la forme d’existence nécessaire. La valeur elle-même n’en demeure pas moins le concentré d’un système pris dans sa globalité.

Si, donc, un simple signe est accepté comme monnaie, que ce soit parce qu’il agit dans une fonction de circulation ou parce qu’il représente la figure de la valeur dans le capitalisme (deux aspects distingués par Marx mais qui vont fusionner par la suite), c’est qu’il a été doté de cette qualité par la totalité sociale à la suite de processus historiques complexes. Voila une leçon de Marx à retenir avant d’entamer l’étude du Bitcoin.

 

Série consacrée au Bitcoin, aux crypto-monnaies et à l’argent en général.  Durant l’été, un lundi sur deux à 19 h 17. Prochain épisode le lundi 13 aout.

Épisode précédent: La monnaie selon Marx, première partie

Épisode suivant: Les évolutions de la monnaie au XXe siècle

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